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Title
L'an 1754, le lundi 2 septembre
Source
Archives des Comm., nº1227.
Date
02/09/1754
Identifier
Campardon, p. 19
Text Item Type Metadata
Text
L'an 1754, le lundi 2 septembre, neuf heures du soir, en l'hôtel et par-devant nous François Bourgeois, etc., est comparu Jacques-Nicolas Potel, facteur de la poste, ayant pour département le quartier du faubourg Saint-Marin, demeurant à Paris rue du Cimetière et paroisse Saint-Nicolas-des-Champs : lequel nous a dit que cejourd'hui sur les sept heures du soir il est entré chez la nommée Armand, actrice de l'Opéra-Comique, demeurant faubourg Saint-Lazare au premier étage d'une maison ou pend pour enseigne la Croix-Blanche, à dessein de lui remettre une lettre à elle adressée ; qu'en remettant cette lettre à ladite Armand, qui étoit couchée dans son lit, elle lui a dit : « Te voilà donc, f..... gueux, s..... coquin, qui n'as pas voulu remettre cette lettre à ma servante ni à ma sœur ; qu'à cela le comparant lui a répondu qu'il ne connoissoit point sa sœur ni sa servante et qu'il lui étoit défendu de remettre les lettres à d'autres qu'aux personnes à qui elles étoient adressées ; que malgré la modération de cette réponse ladite Armand a continué d'invectiver le comparant, ce que voyant il s'est retiré en lui disant que, puisqu'elle l'injurioit, elle eût à venir retirer sa lettre au bureau ; qu'à peine étoit au bas de l'escalier, la sœur de ladite Armand est survenue, s'est jetée sur lui avec une grande fureur, lui a donné plusieurs soufflets, coups de poing et de pied, a voulu arracher d'entre ses mains la lettre adressée à sa sœur qui étoit enliassée dans le paquet des autres lettres dont le comparant étoit porteur, l'a saisi à la gorge et a usé d'une si grande violence qu'elle a déchiré et rompu cinq lettres qui restoient dans ledit paquet à différentes adresses ; qu'au même instant ladite Armand a paru à sa fenêtre et s'est mise à crier au voleur, à l'assassin et que le comparant étoit un gueux qui emportoit sa lettre de change ; que le comparant, pour éviter le bruit et le scandale, est rentré dans l'allée de ladite maison et a remis à la servante de ladite Armand, qui étoit dans la cour, ladite lettre adressée à sa maîtresse ; que dans cet instant la sœur de ladite Armand est revenue une seconde fois, s'est jetée avec fureur sur le comparant et lui a encore donne nombre de soufflets, de coups de poing et de coups de pied en le traitant toujours de gueux, de coquin et de voleur, et sans plusieurs voisins qui sont survenus et l'ont tiré d'entre les mains de la sœur de ladite Armand, elle l'auroit maltraité beaucoup davantage. De toutes lesquelles injures, excès, violences, coups et mauvais traitemens, ensemble des bris, rupture et déchirure desdites cinq lettres, le comparant nous rend plainte contre ladite Armand et sa sœur.
Signe : POTEL ; BOURGEOIS.
Signe : POTEL ; BOURGEOIS.
Original Format
Rapport de police
Collection
Item Relations
This Item | Description | Item: Armand (Mlle) |