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Title
Spectacle des Élèves pour la Danse de l'Opéra
Source
Journal de Paris, 8 janvier 1779. -- Mémoires secrets, XIII , 283, 313, 317 ; XIV, 178 ; XV, 43, 334. -- Catalogue Soleinne, III.
Identifier
Campardon, pp. 302-303
Institution Item Type Metadata
Biographical Text
Théâtre fondé sur le boulevard du Temple par Abraham, danseur de l'Opéra, et Tessier, ancien acteur de province. Il fut ouvert le jeudi 7 janvier 1779. On trouve dans le Journal de Paris du lendemain 8 les détails suivants sur cette soirée d'inauguration : « Vendredi 8 janvier 1779. On a ouvert hier ce spectacle par la représentation de la Jérusalem délivrée, ou Renaud et Armide, tragédie-pantomime en quatre actes. Il seroit trop long de suivre les détails de cette pièce, dont le programme d'ailleurs est imprimé et se vend à la porte 24 sols ; elle est composée par M. Lebœuf, qui a pris pour épigraphe : Un coup d'essai mérite l'indulgence. L'auteur a suivi avec assez d'exactitude le poëme du Tasse ; il commence au moment où arrivent au camp de Godefroi, Alète et Argant, ambassadeurs du soudan d'Égypte ; les événemens principaux sont la mort de Clorinde et le désespoir de Tancrède ; la mort de Dudon et ses funérailles ; l'enchantement de la forêt et l'épisode d'Armide dès le moment où cette magicienne est livrée à Ismen et Hidrahot par le prince des ténèbres, jusqu'à celui où, vaincue dans le dernier combat des chrétiens contre les infidèles, elle se tue et meurt dans les bras de Renaud.
« Le grand nombre d'acteurs nécessaires pour exécuter un sujet si compliqué, les différens combats, les marches militaires, les enchantemens d'Armide pour délivrer Renaud et arrêter les efforts des chevaliers danois, rendent la scène très-agréable. L'incroyable multiplicité des changemens de décorations qui se font avec une précision et une facilité très-extraordinaires, jointe à la richesse des costumes et des habits, font de ce spectacle, qui n'est que pour les yeux, un objet intéressant. Il est à présumer que l'usage formera les sujets et que les acteurs principaux pourront rendre avec plus de vérité et d'énergie les différentes situations où ils se trouvent. Le moment où Armide surprend Renaud endormi est traité par l'auteur et exécuté par les acteurs avec beaucoup d'intelligence ; la haine personnifiée arme la magicienne du poignard fatal et l'amour le lui arrache. La musique est en général très-analogue à ce qui se passe sur la scène et l'exécution en a été très-applaudie. Le compositeur est M. Rochefort, de l'Académie royale de musique ; M. Brenier, de la même Académie, en est le machiniste, et M. Crosnier le peintre. M. Deshaies, maître des ballets de la Comédie-Françoise, dirige et compose ceux de ce nouveau spectacle. La salle nous a paru d'une composition agréable ; elle a la forme circulaire et ressemble en ce point à celle de Versailles. On a applaudi à sa décoration et surtout à celle de l'avant-scène dont l'ouverture paroît un peu ressérée. L'architecte, M. Henri, obligé de se conformer à certaines convenances qui sont autant d'entraves pour les artistes, a donné à ses loges plus de profondeur qu'elles n'auroient dû peut-être avoir. Il y a une idée assez heureuse et neuve dans la manière de remplacer la toile qui se baisse dans les entr'actes, c'est un nuage qui s'élève de terre et qui se marie avec ceux qui sont déjà dans les airs. »
Malgré le succès obtenu par cette première représentation, les directeurs ne purent bientôt plus soutenir les frais de cette exploitation théâtrale et ils cédèrent leur privilége à Parisau, acteur et auteur de ce spectacle. Ce dernier ne fit pas de meilleures affaires, et bientôt poursuivi, traqué par une foule de créanciers avides, il dut fermer son théâtre au mois de septembre 1780. La salle des Élèves restée vide tenta un entrepreneur de spectacles qui y ouvrit, en 1787, les Jeux pyrrhiques, ou Feux et illuminations aérostatiques, et qui dut bientôt renoncer à cette entreprise vu le peu de recettes qu'il encaissait chaque fois. En 1790, les Petits-Comédiens de S.A.S. M. le comte de Beaujolais, chassés du Palais-Royal par la Montansier, installèrent leur théâtre dans ce local ; mais ils ne furent pas plus heureux que leurs prédécesseurs et se hâtèrent de fermer au plus vite. Le Lycée dramatique et les Variétés-Amusantes de Lazzari s'y établirent plus tard.
Voici la liste de quelques-unes des pièces représentées au spectacle des Élèves de l'Opéra : l'Amour enchaîné par Diane, mélodrame-pantomime, par Moline ; l'Anti-Pygmalion, par Poultier Delmotte, musique de Rochefort ; Veni, Vidi, Vici, ou le Siège de Grenade, par Parisau ; Adélaïde, ou l'Innocence reconnue, pantomime en trois actes par le même ; Honni soit qui mal y pense, ou le Cheval de Caligula fait consul de Rome, tragédie burlesque en vers attribuée à Mayeur de Saint-Paul ; les Audiences de la Mode, pièce en prose ; Iphise aux boulevards ; le Naufrage de l'Amour, par Capperonnier fils, etc., etc.
« Le grand nombre d'acteurs nécessaires pour exécuter un sujet si compliqué, les différens combats, les marches militaires, les enchantemens d'Armide pour délivrer Renaud et arrêter les efforts des chevaliers danois, rendent la scène très-agréable. L'incroyable multiplicité des changemens de décorations qui se font avec une précision et une facilité très-extraordinaires, jointe à la richesse des costumes et des habits, font de ce spectacle, qui n'est que pour les yeux, un objet intéressant. Il est à présumer que l'usage formera les sujets et que les acteurs principaux pourront rendre avec plus de vérité et d'énergie les différentes situations où ils se trouvent. Le moment où Armide surprend Renaud endormi est traité par l'auteur et exécuté par les acteurs avec beaucoup d'intelligence ; la haine personnifiée arme la magicienne du poignard fatal et l'amour le lui arrache. La musique est en général très-analogue à ce qui se passe sur la scène et l'exécution en a été très-applaudie. Le compositeur est M. Rochefort, de l'Académie royale de musique ; M. Brenier, de la même Académie, en est le machiniste, et M. Crosnier le peintre. M. Deshaies, maître des ballets de la Comédie-Françoise, dirige et compose ceux de ce nouveau spectacle. La salle nous a paru d'une composition agréable ; elle a la forme circulaire et ressemble en ce point à celle de Versailles. On a applaudi à sa décoration et surtout à celle de l'avant-scène dont l'ouverture paroît un peu ressérée. L'architecte, M. Henri, obligé de se conformer à certaines convenances qui sont autant d'entraves pour les artistes, a donné à ses loges plus de profondeur qu'elles n'auroient dû peut-être avoir. Il y a une idée assez heureuse et neuve dans la manière de remplacer la toile qui se baisse dans les entr'actes, c'est un nuage qui s'élève de terre et qui se marie avec ceux qui sont déjà dans les airs. »
Malgré le succès obtenu par cette première représentation, les directeurs ne purent bientôt plus soutenir les frais de cette exploitation théâtrale et ils cédèrent leur privilége à Parisau, acteur et auteur de ce spectacle. Ce dernier ne fit pas de meilleures affaires, et bientôt poursuivi, traqué par une foule de créanciers avides, il dut fermer son théâtre au mois de septembre 1780. La salle des Élèves restée vide tenta un entrepreneur de spectacles qui y ouvrit, en 1787, les Jeux pyrrhiques, ou Feux et illuminations aérostatiques, et qui dut bientôt renoncer à cette entreprise vu le peu de recettes qu'il encaissait chaque fois. En 1790, les Petits-Comédiens de S.A.S. M. le comte de Beaujolais, chassés du Palais-Royal par la Montansier, installèrent leur théâtre dans ce local ; mais ils ne furent pas plus heureux que leurs prédécesseurs et se hâtèrent de fermer au plus vite. Le Lycée dramatique et les Variétés-Amusantes de Lazzari s'y établirent plus tard.
Voici la liste de quelques-unes des pièces représentées au spectacle des Élèves de l'Opéra : l'Amour enchaîné par Diane, mélodrame-pantomime, par Moline ; l'Anti-Pygmalion, par Poultier Delmotte, musique de Rochefort ; Veni, Vidi, Vici, ou le Siège de Grenade, par Parisau ; Adélaïde, ou l'Innocence reconnue, pantomime en trois actes par le même ; Honni soit qui mal y pense, ou le Cheval de Caligula fait consul de Rome, tragédie burlesque en vers attribuée à Mayeur de Saint-Paul ; les Audiences de la Mode, pièce en prose ; Iphise aux boulevards ; le Naufrage de l'Amour, par Capperonnier fils, etc., etc.
Birth Date
7 janvier 1779
Birthplace
Paris
Collection
Item Relations
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